At LeQsaR - Amar Ouali

At LeQsaR   -    Amar  Ouali

Talamine ( informations sur la bataille du 22-23/12/57)

 La bataille de Talamine a eu lieu les 22 et 23 décembre 1957 avec des représailles à l'artillerie quatre jours après.
La région des Ath Leqsar est connue pour être un couloir de passage des convois de moudjahidine allant et/ou venant de Tunisie pour les ravitaillements en armement pour les maquis de Kabylie ou des régions de l'ouest.
Dans la nuit du 21 au 22 décembre 1957, un convoi d'armement venant de Tunisie arriva à Talamine pour une nuit de repos après un long et périlleux voyage. La compagnie fût accueillie par les Manaâ connue pour être un refuge de l'ALN. Les Moussebline de la région assurèrent la garde aux alentours du village. A une heure avancée de la nuit, les moussebline donnèrent alerte sur un mouvement des forces françaises vers le lieu mais, les moudjahidine en retraite dans la maison de Manaâ Slimane ou Râach refusèrent de quitter les lieux. Au petit matin, l'encerclement du village est déjà bouclé par les soldats français appuyés par des unités de blindés, d'artillerie, et d'aviation.

Au matin du 22 décembre 1957, les moudjahidine réussissent à ouvrir une brèche pour regagner le maquis du côté nord-ouest sur un oued allant de Talamine vers Tavellequewit, mais ils perdirent des éléments puisque la maison des Manaâ fût complètement incendiée et deux membres de la famille Manaâ sont tués ; il s'agit de Manaâ Slimane et Manaâ Ali.

Au levé du jour la bataille s'élargit aux alentours de Talamine, Bouwezrou, Sidi-Aich, Tavelleqwit ont été le théâtre d'une grande bataille qui durera deux jours. A Bouwezrou, deux avions furent tombés par les moudjahidine ; on dit que c'est l'œuvre d'un combattant ayant perdu un œil. D'ailleurs, il fût enterré sur la place du village de Talamine comme étant le héro de cette bataille sous le nom du djoundi inconnu.
Dans cette bataille, l'armée française a utilisé toutes les unités dont elle disposait (hommes de troupes en grand nombre, blindés, half-track et aviation avec l'appui des harkis). Face à la résistance des moudjahidine bien armés et en nombre important, l'armée française a recouru au napalm pour venir à bout des moudjahidine. Les pertes humaines furent importantes des deux côtés puisqu'on dénombre quelques soixante-dix (70) chahids dont les deux Manaâ Slimane et Ali, Hamouchi Said de Tilioua .

Durant les deux nuit de la bataille, les moussebline de la région allèrent enterrer les chouhada en dépit des tirs d'artillerie intense de l'armée française venant de Zériba ; mon père m'a raconté que sur les lieux de la bataille du côté de Sidi-Aich, la forêt était toute couverte de coton en raison du nombre important des blessés parmi les forces françaises évacués par hélicoptères. Les moussebline, n'avaient même pas le temps pour enterrer les chouhada en raison des tirs nocturnes d'artillerie sur les lieux ; à ce titre, mon père me raconta qu'en plein opération d'enterrement des chouhada lui et les moussebline de Tilioua ,Talamine et des régions limitrophes, avaient essuyé des tirs d'artillerie lancés de Zériba pour les empêcher d'enterrer les chouhada.

Il me raconta une anecdote sur cette histoire d'enterrement des chouhada dans l'oued de Sidi-Aich près de Talamine selon laquelle il était en compagnie de Mesbah M, Remili B, Hamouchi A (16ans) et d'autres moussebline de la région lorsqu' ils trouvèrent le corps d'un chahid dans un ravin, il était armé d'un fusil mitrailleur. Enterré à la va vite en raison des tirs d'artillerie, une fois de retour au refuge de Chafni Mohamed pour rendre compte aux responsables des moudjahiddins de la région, le nommé Kourta. A. a accusé mon père d'avoir volé le PA du chahid enterré la nuit et le menaça de mort s'il ne rendit pas l'arme recherchée.
Mon père lui répondit qu'il n'avait pas trouvé d'autres armes sur le corps et qu'il l'avait enterré à la hâte. C'est alors qu'il lui ordonna de le conduire sur le lieu pour déterrer le corps sur lequel ils trouvèrent le PA en question ; alors, Mr Kourta A s'en excusa et demanda à mon père de rentrer chez lui pour se reposer. Par la suite, mon père comprît qu'il s'agit d'un chahid gradé car un moudjahid gradé a droit à un PA en plus de l'arme d'assaut dont il dispose il s'agit peut être de l'adjudant Hocine dont parle Mr Hannache dans ses récits. Mon père m'a dit qu'il y avait environ 70 chahids tombés dans cette bataille, mais il ignore le nombre de soldats français tués quoique important eu égard au multiples traces de sang et la forêt toute blanchâtre de flocons de coton retrouvés sur les lieux de la bataille.

Un des chahids tombés à la maison des Manaâ Manaâ Ali en l'occurrence n'est pas reconnu à ce jour comme chahid pour des raisons obscures.

Hamouchi Amar était un moussebel à l'âge de 16ans , ce jour là il était présent pour rechercher le corps de son père tombé sur le champ de bataille.

Vers le 27 décembre 1957, l'armée française a pilonné toute la région à l'artillerie dont elle soupçonnait encore la présence de moudjahidine.

Voila brièvement, ce que je sais sur la bataille de Talamine ; d'autres pourront apporter leurs témoignes sur cette phase héroïque de l'histoire de notre région
.

  

 



26/01/2009
0 Poster un commentaire

A découvrir aussi


Inscrivez-vous au site

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour

Rejoignez les 58 autres membres